Notre Père

Affichage du sommaire de la section Chrétienne

Prière des chrétiens

Sommaire

Origine de cette prière

Les Évangiles indiquent souvent que Jésus de Nazareth se retirait pour prier, mais nous ne savons presque rien de ces prières adressées par Jésus à son Père, à l'exception de celle dite avant son arrestation.

Par contre, il nous est raconté que ces temps de prière impressionnaient tellement les disciples qu'ils demandèrent à leur maître comment prier. Jésus leur proposa alors de dire Notre père à Dieu. Nous avons gardé cette tradition et ces paroles.

Dans les églises réformées, le Notre père est la seule prière, le seul texte qui soit lu en commun par toute l'assemblée. Certains d'entre nous lisent à leur tour des passages de la Bible ou des prières liturgiques, nous chantons ensemble, mais le Notre Père est le seul texte récité ensemble.

Comme c'est Jésus lui-même qui nous a donné cette prière en nous demandant de la réciter avec lui, on peut considérer, même si ce n'est pas traditionnel, que le Notre Père est le troisième sacrement chrétien, avec le Baptême et la Cène.

Retour en début de la page Notre Père

Le texte habituel

Notre Père qui es aux cieux

Que ton nom soit sanctifié

Que ton règne arrive

Que ta volonté soit faite

sur la terre comme au ciel


Donne-nous aujourd'hui le pain de ce jour

Pardonne-nous nos offenses

comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

Et ne nous soumets pas à la tentation

Mais délivre-nous du mal

Car c'est à toi qu'appartiennent

le règne, la puissance et la gloire

aux siècles des siècles

Retour en début de la page Notre Père

Pour réciter le Notre Père sans mentir

Ne dis pas Notre, si tu vis renfrogné dans ton égoïsme.

Ne dis par Père, si tous les jours tu ne te comporte pas en fils.

Ne dis pas Qui es aux cieux, si tu te rives toujours aux choses de la terre.

Ne dis pas Que ton nom soit sanctifié, si tu n'honores pas chaque homme et chaque femme.

Ne dis pas Que ton règne vienne, si tu le confonds avec tes ambitions à toi.

Ne dis pas Que ta volonté soit faite, si tu ne l'acceptes pas quand elle est éprouvante.

Ne dis pas Sur la terre comme au ciel, si tu regardes en l'air sans voir les autres autour de toi.

Ne dis pas Donne nous, si à ton tour tu ne donnes pas aux autres ce que tu as.

Ne dis pas Aujourd'hui, si tu ne fais que regretter le passé ou soupirer un avenir meilleur.

Ne dis pas Notre pain quotidien, si tu ne te préoccupes pas des gens qui ont faim.

Ne dis pas Pardonne-nous nos péchés, si tu ne reconnais pas tes fautes contre les humains.

Ne dis pas Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, si tu tardes à pardonner à qui t'a offensé.

Ne dis pas Délivre-nous du mal, si tu ne prends pas position contre le mal.

Ne dis pas Amen, si tu ne prends pas au sérieux les paroles du Notre Père.

Retour en début de la page Notre Père

Un autre regard

Jean-François Colosimo est un orthodoxe français qui n'apprécie absolument pas la traduction habituelle. Il enseigne la patristique à l'Institut Saint Serge de Paris et est l'auteur de livres et de documentaires, dont le Silence des anges (Desclée de Brouwer, 2001, et DVD Montparnasse, 2002). Voici un article parru dans la revue Le Monde de la Bible de novembre 2004.

Il faut dépasser le ton polémique qu'affectionnent certains orthodoxes contre le mouvement œcuménique après avoir soigneusement évité d'y participer, de peur de se compromettre avec les autres. Mais les questions de traduction et de théologie méritent d'être posées.

La prière la plus récitée de l'histoire est aussi la plus méconnue au monde. Car la plus mal lue, en raison de détournements qui outrepassent les querelles d'interprétation. Ce n'est pas, en effet, que les traductions courantes du Notre Père soient fautives, abusives, discutables. C'est qu'elles sont imaginaires. Elles s'instituent contre la littéralité du grec pour y substituer un texte inexistant.

Ainsi de la version française usuelle, dite "œcuménique". Les mors de la koinè (le grec commun utilisé dans le Nouveau Testament) s'y effacent derrière la naturalisation des sédimentations exégétiques et théologiques qui finissent par en interdire l'accès.

Il y a d'abord les approximations qui brouillent le caractère performatif de l'invocation initiale.

Eschatologique, cette première période, restituée à son unité intrinsèque, écarte donc le biais cosmologique, providentialiste que lui imprime la version "œcuménique".

Mais c'est dans la seconde période que les approximations tournent à l'invention.

Loin d'une quelconque loi de compensation à laquelle renvoient les torsions juridiques, moralisatrices, psychologisantes de la version "œcuménique", c'est la souveraineté de la liberté qui est ici affirmée.

Enfin, dans la troisième période la formule "ne nous laisse pas Succomber à la tentation" paraîtrait blasphématoire, si elle n'éfait tout simplement fausse. Il n'y a, à l'inverse, de la certitude que dans l'épreuve, factuelle, inévitable, peut-être souhaitable, la seule vraie menace tiendrait à l'excès, l'impossibilité de l'endurer par soi hors du secours divin - "nous ne pouvons entrer Seuls dans ce que nous pouvons traverser mais qui est aussi ce par quoi nous ne voulons pas être traversés".

Car c'est du Malin, l'adversaire "meurtrier depuis le commencement", dit ailleurs Jésus, et non pas du Mal abstrait de l'éthique que nous demandons à être délivrés. Cette délivrance, apocalyptique, achevant en plénitude l'éternel prirent du Royaume.

Comment dès lors rendre en français un Notre Père qui soit le moins biaisé possible ? Parmi d'autres, le philosophe Pierre Boutang et le théologien Nicolas Lossky s'y sont essayés. En leur empruntant à tous deux, voici ma propre esquisse :

Ce texte est une adaptation d'un texte latino-américain paru dans La Terre Saine de novembre et décembre 2000.

Retour en début de la page Notre Père


@ de cette page :
   http://jean-luc.dupaigne.name/fr/chr/notrepere.html
Date de création : 21 janvier 2001.
Dernière révision : 21 décembre 2004.
Dernière révision technique : 19 janvier 2005.
©Jean-Luc Dupaigne 2001.