Prier la Prière

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Je viendrai vers Toi

La prière ci-dessus, signé par Jacques Leclercq a été publié dans le numéro 171 de Novembre 2003 de la revue protestante libérale "Évangile et Liberté".

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La Prière, souffle de vie

Le texte ci-dessous a été publié dans le numéro de Mars 2000 de la revue protestante libérale "Évangile et Liberté". Il a été écrit par "A.W." de Genève

I. La prière, véritable respiration de notre vie spirituelle, consiste dans la recherche d'un contact direct avec une puissance qui est à la fois Sagesse, Amour et volonté suprêmes. Aucune religion, passée ou présente, n'ignore son rôle absolument décisif. Un homme qui ne prie pas sera peut-être un noble caractère : toujours, il lui manquera la paix d'un enracinement.

Il. Plus et mieux qu'un dialogue, la prière est une rencontre avec la Réalité ultime dont procède ici-bas toute existence. Celui que notre langage appelle Dieu se laisse alors percevoir comme une présence ; laquelle ne se confond pas avec notre idéal spirituel, notre conscience morale ou notre "surmoi" ; et cependant s'unit à ce qu'il y a de plus authentiquement personnel dans le for intérieur de chacun d'entre nous. (Psaume 139)

III. Moyen par excellence de communication avec l'Au-delà, la prière ne comporte aucune solution de rechange. Contrairement au spiritisme et à toutes les "sciences occultes", elle ne prétend pas faire effraction dans le monde invisible. Ce n'est pas une initiation qu'elle exige, mais un apprentissage qui se poursuit toute la vie, a quiconque la pratique, elle impose le sentiment d'une grâce : tant il est vrai que "nous ne savons que demander pour prier comme il faut". (Romains 8,26)

IV. Qui s'adresse à Dieu doit préalablement faire silence en soi-même. Car l'esprit de prière est en même temps "esprit de silence". Mais opposer schématiquement vie active et vie contemplative serait une erreur grave. En faisant appel à nos énergies les plus hautes, la prière est action et contemplation, elle est adoration et décision. Par elle, je rends grâces en remettant au Très-Haut mon existence entière. Par elle aussi, je concentre au maximum toute l'attention dont mon âme est capable. J'aspire, du plus profond de l'être, à la Lumière et au Bien dont mon infirmité morale est démunie. Évoquant pour mes proches et moi-même "l'unique nécessaire", je renouvelle enfin l'engagement de ma foi, j'inscris ma prière dans la perspective d'une consécration personnelle au service de Dieu.

V. Aux yeux du chrétien, c'est en Jésus-Christ que toute prière doit finalement trouver son modèle et son inspiration. Dans l'exemple, combien impressionnant, que le Sauveur a donné par sa propre vie de prière ; puis dans son enseignement tel que nous le rapportent les quatre évangiles. Humilité, simplicité, confiance et persévérance, telles seront notamment les marques d'une prière formulée "au nom de Jésus". Quant à l'oraison dominicale (Matthieu 6,9-15), incontestablement orientée vers l'avènement du Royaume, on y trouve un ordre de priorité qui nous met en garde contre toute espèce d'égocentrisme. Certes, il est des circonstances où notre invocation jaillira sous la forme d'un pur et simple appel au secours (Marc 9,24). Crier à Dieu selon l'Évangile, c'est pourtant subordonner toutes nos requêtes à l'exclamation que Jésus lui-même fit retentir en Gethsémani : "Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux !".

VI. En affirmant le caractère normatif de la prière de Jésus, il convient d'ajouter que le vrai climat de la prière chrétienne est un climat biblique : celui-là même dans lequel ont respiré les témoins de l'ancienne et de la nouvelle Alliance. Fidélité n'est d'ailleurs aucunement synonyme de servilité. "Là où est l'esprit du Seigneur, dit l'apôtre Paul, là est la liberté'. (II Corinthiens 3,17) C'est l'Esprit-Saint qui, lui seul peut fournir à notre prière son impulsion motrice et lui garder sa juste spontanéité. Lui seul, en nous libérant d'un biblicisme naïf, peut nous apprendre à "sonder les profondeurs" de l'Amour qui nous a visités par Christ.

VII. Si la prière est l'oxygène de notre être le plus intime, elle n'en comporte pas moins une dimension communautaire, à preuve notamment le livre des Psaumes et celui des Actes. Se recueillir en plein accord spirituel avec d'autres croyants est toujours un réconfort et une joie. Au sein du "Corps de Christ", l'édification mutuelle fera par conséquent une place centrale à la prière : chaque fidélité - la chose est réciproque se trouvant encouragée, approfondie et disciplinée par l'expérience des frères en la foi. Le sacrement de la Sainte-Cène exprime visiblement la grâce d'une telle solidarité.

VIII. La prière, qui s'adresse à un Dieu caché, procède éminemment du secret de notre vie spirituelle. Il suit de là qu'elle répugne à toute contrainte psychosociale aussi bien qu'à toute espèce de partage superficiel. Nous touchons ici aux limites de la prière collective, laquelle n'en est pas moins indispensable au culte de l'Église. Porter dans l'intercession les fardeaux les uns des autres est une exigence de la charité fraternelle. Jamais, cependant, pareille exigence ne devrait faire oublier le double impératif du tact et de la discrétion. Jamais non plus, nos prières liturgiques d'adoration ne devraient sombrer dans l'emphase et le verbalisme.

IX. De même que toute "prière - discours" est à bannir absolument, le style de "l'intercession - gazette" ne devrait pas encombrer nos cultes. D'abord, parce que le Sermon sur la montagne est formel à cet égard. Ensuite, parce que rien n'est plus mystérieux que l'intervention divine dans les événements d'ici-bas. Notre prière, pour rester évangélique, doit conserver l'accent d'une supplication personnelle et directe. Elle sort de son rôle quand elle se croit obligée de démarquer automatiquement l'actualité locale ou internationale. C'est dire, en d'autres termes, qu'une intercession paraît d'autant plus valable qu'elle exprime un rapport existentiel de participation une réelle volonté de sympathie et d'engagement au près comme au loin ; car "Dieu t'a donné tous tes compagnons de traversée". (Actes 27,24).

X. Lorsqu'elle s'élève avec ardeur et foi vers le Dieu vivant, toute prière obtient sa réponse - réponse qui n'est pas forcément celle à laquelle on s'attendait. Comme aux temps bibliques, il peut arriver qu'on soit l'objet d'exaucements qui défient les lois naturelles. Cependant la puissance de la prière n'a pas besoin de "miracle" pour s'affirmer. Elle se manifeste avant tout par le calme intérieur et l'humble assurance qui viennent habiter le cœur du croyant.

Jour après jour, elle renouvelle en nous la certitude profonde que nous sommes dans la main du Père. En travaillant à notre sanctification, elle actualise enfin la délivrance par laquelle nous sommes transportés dans le Royaume de la vie éternelle.

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Date de création : 15 mai 2000.
Dernière révision : 22 décembre 2004.
Dernière révision technique : 18 janvier 2005.
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