Le mur de Berlin

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Pour les personnes de ma génération et de celles qui ont acquis la conscience du monde avant 1990, l'Allemagne, et singulièrement Berlin, sont associés au mur qui découpait le pays et la ville du Nord au Sud en séparant la zone occidentale (Allemagne fédérale) de la zone orientale (Allemagne dite démocratique). La première correspondait aux trois zones d'occupation états-unienne, française et anglaise, la seconde à la zone d'occupation soviétique.

Depuis la réunification le la ville, la municipalité s'est efforcée de détruire toute trace de ce mur de la honte, tout en laissant deux témoins, le premier pour les touristes, le second pour la mémoire. Je les ai joints sur cette page, le premier pour le folklore, le second pour ses peintures qui rejoignent la tradition des murs peints lyonnais.

Check Point Charlie

     

Du mur dans la ville il ne reste rien, ou presque ; en de rares endroits on a marqué au sol son emplacement. La photo ci contre en montre un exemple sur le pavé de la rue. Cela se situe là où était le passage mythique Check Point Charlie entre la zone soviétique et la zone américaine.

L'objet principal des photos des touristes, dont je fais partie du troupeau bêlant, est la guérite (reconstituée et légèrement déplacée) de l'armée américaine qui lui permettait d'effectuer le contrôle des passages. Il ne devait pas avoir un travail fou car rapidement seules les armées d'occupation pouvaient emprunter le passage, les allemands étant interdits de circulation.

Cette vue d'ensemble, prise du sud, du coté anciennement américain, montre la guérite (détaillée ci-dessus) et le panneau (détaillée ci-dessous). L'affiche montrant le soldat russe (et au verso montrant un soldat américain) n'a évidemment rien d'historique. On voit que le coté nord, anciennement soviétique, a été complètement reconstruit depuis la chute du mur, le glacis (le no man's land) ayant fait place à un quartier d'affaires et de bureaux.

Après la guérite, les touristes photographient le panneau (non authentique, mais dont le texte recopie fidèlement l'ancienne inscription) qui indiquait la sortie de la zone américaine et l'entrée dans la zone soviétique. Il faut remarquer l'utilisation majeure des langues des armées d'occupation, l'allemand qui est pourtant la langue locale des habitants ne figure qu'en dernier et en petits caractères.

Deux sentinelles, théoriquement l'une américaine et l'autre soviétique dans les uniformes d'époque, montent la garde…  pour attirer le chaland vers les boutiques à souvenirs plus ou moins authentiques qui bordent le site, car ce sont des figurantes allemandes.

La seconde, et dernière, trace authentique du mur est un mémorial où est dressée de part et d'autre de la rue une croix par personne morte en tentant de franchir le mur dans Berlin. Ce mémorial a été mis en place par une initiative privée de berlinois ; il semble que la ville veuille reprendre ces quelques m² pour y bâtir de nouveaux immeubles de bureaux. Rien ne resterait alors en souvenir des victimes de l'occupation différenciée.

Au-delà de cet aspect touristique, on trouve d'autres vestiges du mur qui, eux, sont sérieux.


Potsdamer Platz

     

La Place de Potsdam est aujourd'hui un quartier ultra moderne, avec notamment l'immeuble de Sony. Mais dans une rue on trouve le dernier, à ma connaissance, reste du mur en ville. Quatre fresques le recouvrent : la voiture symbolise le passage dans le mur, la seconde appelle à la mémoire contre la démolition crainte de ce lieu de mémoire, la troisième montre la colombe de la paix terrassant l'ours soviétique, la dernière (vue partielle) parle de la clarté après la nuit.

 

Un peu plus loin, se dresse un dernier mirador soviétique montant une dernière garde et surveillant les travaux de bâtiments officiels en construction.

Pour être complet, il faut aussi signaler un "petit" mémorial aux victimes du mur, situé le long d'un jardin public entre la Porte de Brandebourg et le Reichtag (qu'on aperçoit derrière les arbres). Celui-ci semble officiel mais comporte peu de croix, peut-être est-il exclusivement consacré aux personnes ayant tenté le passage à cet endroit précis.

Les deux séquences précédentes ont laissé peu de place au mur tel qu'il parcourait toute la ville en zigzagant du nord au sud. On le trouve ci-dessous.


East Side

La "frontière" entre les zones occidentales et la zone orientale passait par la Rivière de l'Est, qui est à peu près Est-Ouest à cet endroit. Le mur a été édifié au nord de la rivière, en retrait de la berge qui était zone interdite. On a laissé le mur sur un kilomètre environ.

La photo ci-dessous a été prise de l'autre coté de la rivière, elle laisse apercevoir le mur au delà du rideau de végétation. Au delà la friche industrielle encore existante jusqu'à la voie de chemin de fer commence lentement à être occupée par de nouveaux immeubles.

     
Vue générale du mur depuis la Rivière de l'Est

La face sud du mur, coté rivière est peu accessible et est abondamment couverte de tags comme toute palissade dans nos grandes villes occidentales.

La face nord, coté ex R.D.A., est au contraire facilement accessible car un boulevard longe le mur. Elle fut rapidement couverte de peintures lors de l'ouverture de la frontière et de la libéralisation du régime, ces fresques juxtaposées ont été restaurées il y a plusieurs années de manière à rester pérennes.

Cette première photo correspond au début des restes du mur du coté est (le plus éloigné du centre ville). Elle sert de titre à la galerie de peintures en plein air.

La chute du mur séparateur est symbolisée par ce panneau montrant une foule ouvrant le mur et passant par la brèche.

Dans le même registre, cette voiture traverse le mur en le faisant éclater. C'est une Traban, une production de la R.D.A. qui avait la réputation d'être poussive et robuste (encore que sa robustesse consistait surtout à résister aux bricolages de leurs propriétaires lors des opérations d'entretien et des réparations).

Il s'agit sans doute du même artiste que ci-dessus près de Potsdamer Platz, là-bas la voiture était vue de l'arrière, ici elle est de face.

Après la traversée et la percée du mur, voici le démontage du mur effectué par un groupe de toutes origines (on voit au second plan un "chinois" et un africain). Les personnes retirent une à une les briques du mur et les jettent au loin, à l'exception du gamin du premier plan a gauche qui essaye de construire avec des briques récupérées.

Une colombre libère un prisonnier

Cette vaste fresque montre une colombe de la paix tenant dans son bec la chaîne d'un prisonnier dont on ne voit que la main faisant le signe V de la victoire derrière les barreaux.

D'autres panneaux traitent de thèmes plus universels, tel celui où Adam emmène Ève quelque part derrière les arbres fleuris.

Baiser, un acte sexuel ou politique

Ce panneau part d'un thème sexuel, ce qui justifie le titre en français, mais l'interrogation Qui baise qui ?prend une tournure politique. Je lis cette fresque comme une allégorie de la réunification de l'Allemagne, soulignée par le drapeau allemand formant le socle (en fait un bateau avec quatre rames) sur lequel se déroule l'histoire des deux Allemagnes en trois étapes : la première étape (à droite) est celle des retrouvailles physiques des deux personnages soulignées par la mention de l'année 1989 d'ouverture du mur , la seconde (au centre) est de la fusion absorption de l'Est par l'Ouest, la troisième (à gauche) montre que l'Est se fait rejeter du nouveau système.

Cette dernière photo retenue pour cette page, mais il y a bien d'autres peintures sur le mur de la Rivière de l'Est, montre des visages. La souscription semble parler d'amour, mais les visages sont graves, comme est encore problématique l'unité entre les lander orientaux dans l'Allemagne réunifiée.

Je vous ai présenté un aperçu en trois sections des traces du rideau de fer ou mur de la honte que les autorités semblent vouloir gommer alors qu'il fait partie de l'arrière fond culturel de toute une partie du peuple, singulièrement, ceux qui, à l'est, butaient sur lui dans leurs espoirs de liberté.

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Date de création : 1 septembre 2005.
©Jean-Luc Dupaigne 2005.